Plan de relance : pour la filière nucléaire, c’est un bon début

  • 06.09.2020
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Jeudi 3 septembre, le gouvernement présentait son plan de relance « France relance », destiné à reconstruire l’économie nationale impactée par la récente crise sanitaire. Ce plan de 100 milliards d’euros inclut trois volets (écologie, compétitivité et cohésion), et comprend une enveloppe de 470 millions d’euros pour l’industrie nucléaire. Si cette somme représente une part minime des financements prévus par le plan, le GIFEN se félicite de la désignation du nucléaire comme une source d’énergie verte, nécessaire à la production d’électricité bas carbone sur le long terme.

Une évolution bienvenue du discours gouvernemental sur l’industrie nucléaire

En comparaison à d’autres filières industrielles, l’industrie nucléaire, en raison du caractère stratégique de sa mission de fourniture d’électricité et de sa concentration sur le territoire français, a su maintenir ses activités au plus fort de la crise, et n’a pas été frappée de plein fouet. Aussi, au regard des fonds attribués à des industries réellement fragilisées comme l’aéronautique et l’automobile, qui se partageront une enveloppe de 2, 6 milliards d’euros, le chiffre de 470 millions d’euros est plutôt satisfaisant dans le contexte COVID-19.

L’avancée majeure de ce plan de relance pour l’industrie nucléaire réside plutôt dans l’évolution du discours gouvernemental sur le sujet ; ainsi, le nucléaire figure bien dans le volet écologie du plan, au rang des énergies vertes. Mieux, il est explicitement cité comme une énergie bas carbone, et associé à l’idée de long terme : « un investissement dans le nucléaire doit permettre à la France de garder sa capacité de production d’électricité décarbonée sur le long-terme ». La lucidité de la Ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, qui, dans un entretien accordé aux Echos, affirme que « sur le nucléaire, on a besoin d’investir », est également de bon augure.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé vers quels enjeux de l’industrie nucléaire ces financements seraient dirigés :

  • formation et développement des compétences ;
  • investissements industriels et aide aux sous-traitants ;
  • R&D et SMR.

En citant ces trois axes, le gouvernement démontre que l’Etat a conscience des enjeux de la filière, tels que définis dans le Contrat de filière signé en 2018, et qui font l’objet des travaux du GIFEN (emploi, compétences et formation, transformation numérique de la filière nucléaire, R&D et transformation écologique de la filière nucléaire, international).

Compétences et formation, recherche et modernisation : des axes cohérents avec les enjeux de la filière

Investir dans le maintien des compétences et le développement des formations aux métiers du nucléaire est un axe essentiel pour garantir la pérennité des métiers stratégiques de notre industrie, préserver sa compétitivité et son haut niveau de sûreté. L’ambition du gouvernement de soutenir les compétences du nucléaire rejoint la mise en place d’un projet d’un programme EDEC (Engagement de développement de l’emploi et des compétences) de la filière, porté par le GIFEN, et qui a justement reçu un avis favorable de la part du Ministère du Travail le 30 juillet dernier. Ce programme porte sur 5 axes :

  • cartographier les métiers et compétences de la filière, identifier la criticité ;
  • développer la formation ;
  • s’appuyer sur l’alternance ;
  • renforcer l’attractivité de la filière ;
  • accompagner la transition numérique des TPE/PME de la filière.

R&D, modernisation de la sous-traitance et soutien aux nouveaux projets

L’Etat a également insisté sur l’importance d’investir dans la R&D et la modernisation de la sous-traitance. Des missions elles aussi portées par le GIFEN, qui travaille avec les industriels sur des thématiques comme l’économie circulaire, les réacteurs du futur et les outils et usines du futur, ou encore à travers le projet de plateformes numériques destinées à faciliter, entre autres, les processus liés aux prestations de services sur les installations nucléaires, reçu favorablement par la BPI.

L’intérêt manifeste du plan pour le développement des projets de SMR (Petits réacteurs modulaires) est encourageant pour l’avenir de Nuward, le projet de SMR français annoncé fin 2019 par le CEA, EDF, Technicatome et Naval Group. Ce projet pourrait en effet bénéficier à de nombreux industriels de la filière, et représente un marché d’avenir, en raison de la compétitivité de ce modèle de réacteur et du fort intérêt qu’il suscite à l’international.

La transition énergétique ne se fera pas sans le nucléaire

Quant au développement de l’hydrogène, qui bénéficie d’une part considérable de l’enveloppe destinée au volet « écologie » du plan, il est encore trop tôt pour le commenter, étant donné le peu de précisions du plan sur la manière de produire cette ressource. Aussi, l’hydrogène pourrait être une réelle opportunité pour la filière, à condition qu’il soit produit à partir du nucléaire.

La manière dont le nucléaire apparaît dans le plan de relance est, en somme, un premier signe positif. Mais il ne fait aucun doute que l’industrie nucléaire aura besoin, pour être pérenne et continuer à remplir sa mission de production d’une énergie compétitive, disponible et bas carbone, d’investissements publics et de décisions politiques autrement plus importants. Nous invitons donc les pouvoirs publics à continuer sur leur lancée, et à se donner les moyens de leur ambition : la transition énergétique ne se fera pas sans le nucléaire.

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